Artikel

 

Diana Damrau vient d’enregistrer un album entièrement consacré à Giacomo Meyerbeer, le père du Grand Opéra français mais pas seulement ! Elle partage son enthousiasme pour ce compositeur encore trop négligé en France.

Comment vous est venu ce désir d’enregistrer un album consacré à Giacomo Meyerbeer ?

Lorsque j’étais étudiante, en 1991, j’ai été amenée un peu par hasard à chanter sa cantate Gli amori di Teolinda.  J’étais soprano colorature et, bien évidemment, je connaissais la scène de Dinorah : donc pour moi, Meyerbeer était avant tout un compositeur français. Nos professeurs ne nous en parlaient d’ailleurs pas particulièrement. J’ai donc découvert qu’il était aussi un compositeur italien, et j’ai trouvé que cette cantate était géniale. Meyerbeer est extrêmement créatif : il ose des combinaisons très éloignées de la mode de son temps, avant-gardistes même. Il compose ici plutôt une sorte de concerto pour soprano et clarinette qu’un morceau d‘opera seria à l’italienne selon les canons de l’époque. De plus, les mélodies en sont magnifiques. J’ai voulu en savoir plus sur ce compositeur. C’est alors que j’ai appris qu’il avait également composé en allemand. Ainsi, j’avais cette idée utopique d’enregistrer un jour un album où j’aborderais les trois facettes de ce compositeur, la française, l’italienne et l’allemande. Lorsque j’ai signé avec ma maison de disques, j’ai rapidement enregistré un CD consacré à Mozart et Salieri, un autre projet qui me tenait à coeur. Pour Meyerbeer, cela a mis plus de temps, mais nous y sommes arrivés. De plus, avec l’évolution de ma voix, je suis aujourd’hui plus à l’aise pour interpréter une plus large palette de ses héroïnes avec davantage de couleurs. C’était vraiment le bon moment.
Comment qualifieriez-vous votre voix aujourd’hui ?
Je dirais que je suis plutôt un soprano lyrique, mais avec de la légèreté. J’adore les coloratures et je tiens absolument à conserver mes moyens pour les exécuter !
Quels sont les rôles de Meyerbeer que vous avez abordés à la scène ?
J’ai chanté Les Huguenots à Francfort en 2002. Puis, j’ai participé à un concert à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance du  compositeur. C’est là où j’ai chanté pour la première fois la scène de Dinorah. A l’occasion d’un concert à Berlin, l’arrière petite-fille du compositeur m’a remis un petit mot pour me remercier d’avoir défendu la muisque de son aïeul : j’ai trouvé ça très touchant. Je suis également heureuse et impatiente de chanter Meyerbeer à la Philharmonie de Paris en octobre prochain. Et j’espère bien le retrouver à la scène prochainement.